Ce roman est parsemé d’épines, soit, on s’y griffe, ça fait rager, ça fait pleurer mais on ne peut surtout pas enlever à son auteur cette capacité inouïe d’appuyer là où ça fait mal, de relever les turpitudes de notre société, de notre époque, de ce que nous sommes devenus. Tous autant que nous sommes.
A travers l’histoire d’un couple - quel meilleur miroir de la société que le couple? - Lionel Shriver aborde avec entrain les problématiques les plus actuelles: la course après la jeunesse et la « bonne santé » qui frôle l’eugénisme, le no man’s land dans lequel on atterrit lorsque l’on a pas fait assez attention aux derniers changements de cap que le monde a décidé de choisir, la solitude - nouvelle ou ancienne, subie ou voulue qu’un certain âge vous balance à la gueule. Le décalage générationnel qui n’a peut-être jamais été aussi violent.
Chaque page ou presque vous oblige à questionner le présent et le futur, les relations humaines, la nouvelle vie en société. À chaque page ou presque vous vous faites gifler - on n’aime pas parler de choses qui fâchent. Shriver s’en fout. Elle l’écrit.