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Coup de cœur libraire pour le nouveau Pagan !

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Publié le 02/02/2022
... toujours un événement !
On se souvient de la parution de Profil perdu en 2017 que votre libraire avait déjà adoré au moment de sa sortie. L'auteur signait alors le grand retour de son personnage fétiche, l'inspecteur Claude Schneider (vingt ans sans aucune parution, le temps nous a paru bien long...) 

Il nous aura fallu attendre cinq ans pour ce nouveau roman, qui se savoure comme un café noir aux somptueux arômes - chez Pagan, les flics carburent au café - l'adjectif noir n'est pas innocent. L'univers de Pagan est notoirement sombre : les flics abîmés en ont trop vu, il y traîne des airs de blues mélancoliques, le vent souffle en rafales, charrie des nuages au-dessus des exactions humaines... Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, il faut souligner les qualités littéraires de l'écriture de Pagan, ce style inimitable, ciselé, un travail d'orfèvre, qui fait que le lecteur s'arrête devant la phrase parfaite et implacablement désespérée, et qu'il la relit pour s'en pénétrer.

Voici un extrait du début du livre - à titre de démonstration par l'exemple : "Schneider conduisait sans mot dire. Le blues avait cessé, la cassette chuintait dans le vide. Jamais la Ville ne lui avait semblé aussi vaste, ni autant peuplée d'innombrables recoins où les ombres et la mort avaient l'air de se tenir aux aguets. Schneider régnait sur la Nuit. Des êtres faméliques, aux faces blanches, aux joues hâves et aux orbites creuses. Schneider semblait s'y mouvoir avec aisance, comme s'il était chez lui, comme dans son propre royaume, arpenteur inflexible, minutieux, de la détresse humaine. Alentour, la ville dormait d'un sommeil sans rêves, sans espoir, glacial et sans lendemain".

La ville (jamais nommée) dont il est question, Schneider la connaît bien pour y avoir passé sa jeunesse. Entre temps, il y a eu l'armée et la guerre d'Algérie en tant qu'officier parachutiste, puis 15 ans passés à la préfecture de police de Paris. Voilà : il revenait. Il était parti. Il revenait. On est en 1973, il vient d'être nommé à la tête Groupe Criminel et, dès l'accueil qui lui est réservé à son arrivée dans le Bunker (surnom du Commissariat), sait qu'il va devoir composer avec sa hiérarchie, monument d'autorité et de bêtise... Le décor est posé.
L'affaire sur laquelle va enquêter Schneider et son équipe ne tarde pas à se dessiner en la personne d' André Hoffmann, père inquiet, signalant la disparition de sa fille, Betty, 15 ans, partie en Solex rendre des livres à la bibliothèque, elle n'est pas rentrée. C'est à l'état de cadavre que la gamine est retrouvée le lendemain, dans les broussailles, à l'orée d'une pinède, la gorge tranchée. Près du corps, une entaille fraîche imprimée dans la glaise, l'apparence d'un fer de bêche. L'arme du crime ? Le Solex n'est pas là. Il semble vraisemblable qu'elle ait été tuée ailleurs. L'autopsie révèle que le tueur s'est acharnée sur elle, l'a rouée de coups et violée. Schneider va contempler souvent la photographie que le père lui a donné, sur laquelle Betty a le sourire d'un chaton... On pressent que le flic taiseux obstiné et intègre fera tout pour remonter la piste jusqu'au(x) coupable(s), et à sa suite, le lecteur ne lâchera pas le livre.

Bibliographie