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La BD crève l'écran...

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Publié le 25/06/2018
Gaston Lagaffe, Bécassine et bientôt Astérix... Les personnages en deux dimensions des bandes dessinées les plus familières des lecteurs déferlent dans le septième art. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Bien que ce soit le titre d'une jolie chanson de Brassens, lorsqu'on entend parler de "Bécassine", c'est plutôt à la comptine hélas entêtante de Chantal Goya qu'on songe. Le personnage créé en 1905 par Jacqueline Rivière et Joseph Pinchon est au fond, victime du même quiproquo : perçu tantôt comme une œuvre d'une poésie lunaire, mettant en scène une jeune fille naïve et tantôt comme une caricature de paysanne bretonne idiote dont toute la Bretagne s'offusque, la première héroïne féminine de l'histoire de la BD suscite la controverse.

Bécassine par Anne-Françoise Brillot.jpg


Conte poétique ou déni historique ?


Une controverse qui s'est vue ranimée par la sortie au cinéma, le 20 juin dernier, de l'adaptation de Bécassine par Bruno Podalydès. Dès avant sa sortie, un collectif breton nommé Dispac'h appelle à son boycott. Dans ce personnage, aux traits fondateurs du style dit de "la ligne claire", les membres de ce collectif voient une insulte à la mémoire de la Bretagne et à toutes les femmes bretonnes. En cause, le rêve naïf de la Bécassine de Bruno Podalydès de s'installer à Paris pour voir la tour Eiffel. Martelant que "l'immigration bretonne n'avait rien de la naïveté joyeuse qu'expose le film" et rappelant que c'est la misère de leurs conditions sociales qui poussa vers la fin du XIXe siècle de nombreuses jeunes bretonnes à quitter leurs foyers pour chercher fortune à Paris, Dispac'h s'insurge contre le film. Et le collectif a probablement trouvé un porte-parole de poids en la personne de Yann Quéffelec, attaquant violemment le long-métrage de Bruno Podalydès dans une récente tribune.

Faut-il, pour autant, taper sur Bécassine ? Bruno Podalydès, lui, se défend d'avoir voulu faire un film sur la Bretagne, mais plutôt un film "familial et transgénérationnel" sur une jeune femme "avec une âme d'enfant dans un corps d'adulte". Et à en croire les critiques, plutôt positives, le pari est réussi. "Dans ce monde en roue libre débarrassé de tout réalisme et de toute psychologie, l'enchantement se suspend le plus souvent à quelques ficelles que le cinéaste actionne de toute sa furie enfantine d'inventions à la Pif Gadget en irrésistibles clowneries de langage", écrit le critique Vincent Malausa pour les prestigieux Cahiers du Cinéma, tandis que Jean-Baptiste Morain, des Inrockuptibles, souligne que la "mise en scène du film frappe par son inventivité, sa précision stupéfiante, quasi tatiesque, dans l’accord poétique entre la musique, la mise en images, le montage, l’action."

Pas de quoi avaler son pop-corn de travers, a priori. Les adaptations de BD à l'écran se faisant de plus en plus légion, fallait-il ainsi s'étonner de voir Bécassine la rejoindre ?




Valérian Copyright EuropaCorp - VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION.jpg

De Valérian à Astérix : une cohorte d'adaptations


En quelques mois, les spectateurs ont pu découvrir sur grand écran les aventures de Valérian, dans une grosse production signée Luc Besson ; les gaffes d'un certain Gaston et ils retrouveront prochainement Astérix dans une nouvelle production signée Alexandre Astier.

Pour le plus grand bonheur des fans ? Le succès de ces adaptations semble aléatoire. Le flop de Valérian en France a failli coûter à Luc Besson sa société de production, Europacorp, heureusement finalement sauvée par les résultats du film à l'international. Le réalisateur n'en était pourtant pas à sa première adaptation de BD, lui qui portait Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec à l'écran en 2010. Gaston Lagaffe n'a pas rencontré le succès attendu et pour l'instant, les premiers résultats de Bécassine ne sont guère encourageants...




Persépolis Copyright Diaphana Films.jpg

Des flops et des claps


Pourtant, l'adaptation de BD au cinéma a parfois donné de beaux résultats. Marjane Satrapi a par exemple transposé avec talent ses œuvres Persépolis et Poulet aux Prunes. Joann Sfar a rencontré le succès avec son adaptation de son Chat du Rabbin. Et que dire de l'Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat, dont les répliques sont devenues cultes ?

Alors, quelle est la recette d'une adaptation réussie ? Certains personnages sont-ils plus cinégéniques que d'autres ? Gageons que le plus célèbre des Gaulois, dont la nouvelle aventure, intitulée Astérix et le Secret de la Potion Magique sortira pour Noël, n'a en tout cas pas trop de souci à se faire, compte tenu du succès de ses précédentes incursions dans le septième art. Pour l'occasion, il sera d'ailleurs également célébré au format papier : la sortie cinéma s'accompagnera d'un album de 48 pages au titre homonyme, composé de textes et d'illustrations signées Fabrice Tarrin, dans la droite lignée des 12 travaux d'Astérix.

[Crédits Photos : Bécassine : ©Anne-Françoise Brillot, 2018 ; Valérian et la cité des mille planètes : ©EuropaCorp - VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION, 2017 ; Persépolis ©Diaphana Films, 2007]

Bibliographie