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Attention : parution !

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Publié le 27/02/2019
Redécouvrez un classique aux éditions R. Laffont et Mollat, avec une préface de Michel Onfray. Parution le 14 mars 2019 !
Montaigne et la ville de Bordeaux
« Messieurs de Bordeaux m’élurent maire de leur ville alors que j’étais éloigné de la France et encore plus éloigné d’une telle pensée. Je refusai, mais on m’apprit que j’avais tort, l’ordre du roi intervenant aussi en l’affaire. » (Essais, III, 10) En arrivant à son château, Montaigne trouve une lettre de Henri III le félicitant et lui enjoignant de prendre sa charge sans délai. « Et vous ferez chose qui me sera agréable et le contraire me déplairait grandement » (Grün, La vie publique de Michel de Montaigne, Paris, 1855) ajoute le roi.
Ce poste fut probablement confié à Montaigne pour ses nombreuses qualités mais aussi pour ses bonnes relations avec Henri III et Henri de Navarre.

« À mon arrivée, j’expliquai fidèlement et consciencieusement mon caractère, tel exactement que je le sens être : sans mémoire, sans vigilance, sans expérience et sans vigueur ; sans haine aussi, sans ambition, sans cupidité et sans violence, pour qu’ils fussent informés et instruits de ce qu’ils avaient à attendre de mon service (…) Je ne veux pas que l’on refuse aux charges publiques que l’on assume l’attention, les pas, les paroles, et la sueur et le sang au besoin, mais je veux que l’on s’acquitte de ces fonctions en se prêtant seulement et accessoirement, l’esprit se tenant toujours en repos et en bonne santé, non pas sans action, mais sans tourment et passion.» Sans passion surtout car : « Nous ne conduisons jamais bien la chose par laquelle nous sommes possédés et conduits. » (Essais, III, 10)

C'est entre les nombreuses querelles politiques et religieuses de l'époque que l'homme s'applique à garder une ville de paix : les catholiques et protestants sont en guerre, le Parlement divisé entre catholiques ultras et modérés et la situation politique particulièrement délicate entre le roi de France et le roi de Navarre, gouverneur de la province. Après deux ans de fonction, il est réélu en 1583 (rare honneur qui n’a été accordé que deux fois avant lui). Deux ans plus tard, alors qu'on organise une cérémonie d'accueil pour son successeur, Montaigne est absent. Il avouera ensuite son embarras et surtout sa peur d'attraper la peste, qui fit environ quatorze mille victimes à la même période. Cette absence ne manqua pas de faire polémique plusieurs siècle plus tard.

Les Essais
Au XVIe siècle, l'essai signifie d'abord l'expérience ou l'expérimentation. Les «essais» de Montaigne sont ses expériences de tous ordres, consignées dans un livre qui se veut sincère : « Toute cette fricassée que je barbouille ici n'est qu'un registre des essais de ma vie » (Essais, III, 13). Sans jamais prétendre imposer une leçon, Montaigne exerce son jugement sur tout ce qui se présente à sa réflexion.
En désignant ainsi, et le premier, son livre, Montaigne invente une forme correspondant à l'originalité de son projet :
« Les auteurs se communiquent au peuple par quelque marque particulière et étrangère; moi le premier, son livre, par mon être universel, comme Michel de Montaigne, non comme grammairien, ou poète, ou jurisconsulte. » (Essais, III, 2).

Pour se découvrir soi-même, Montaigne a besoin de la liberté d'une expression dénuée de rhétorique : «Je peins principalement mes cogitations, sujet informe, qui ne peut tomber en production ouvragère » (Essais, II, 6).

La nouvelle édition, établie par Bernard Combeaud

Cette nouvelle édition, établie par Bernard Combeaud, n'est donc pas une « modernisation » et encore moins une « traduction en français moderne », mais propose un Montaigne (discrètement) « rajeuni » afin de rendre la lecture aisée pour les lecteurs d'aujourd'hui.

L'objectif de cette édition, à laquelle s'associe la librairie Mollat, est donc de proposer aux lecteurs du XXIe siècle une édition bréviaire des Essais que l'on puisse lire quasiment sans notes, comme nous l'explique Michel Onfray qui préface cette édition : « cela devient fluide et simple, comme une conversation qui nous permet d'écouter Montaigne comme un contemporain ».

Bibliographie