Karine Tuil a le sens de l'histoire et le sens des personnages. Dans "La Décision" elle est impeccable de justesse, pourtant le sujet est tout sauf facile.
C'est l'histoire d'Alma, juge au parquet anti-terroriste, imprégnée par son métier et dévouée à son pays, mais aussi femme, mère, épouse, maîtresse.
Le dossier qu'elle est en train d'instruire a tout du casse-tête: pas de preuves factuelles mais une intuition. Le jeune couple soupçonné d'allégeance à l'EI paraît complètement repenti à son retour en France. En tant que juge d'instruction Alma doit statuer sur la libération ou la prolongation de la détention provisoire ... provisoire jusqu'à quand?
L'humanité dans tout ce qu'elle a de plus fragile est révélée dans ce roman sec, à l'écriture chirurgicale, documenté sans être pédant.
Pas de jugement, pas de parti-pris: dans un monde pétri de vérités et d'assertions, Karine Tuil rappelle la relativité des choses, de la vie, la marge d'erreur qui nous rend faillibles - et par conséquent humains.